Extraction des feuilles de la gouttière avant le relevé (Grand Boeuf Mort, Saül)
Pièges vitre plan
Les pièges à vitre d'interception plans tels qu'ils sont illustrés sur les photographies suivantes ont été progressivement mis au point depuis 2005. Ils sont de fabrication artisanale. Ils sont constitués d'un plan d'interception représenté par une surface transparente de taille variable (1 à 2,5m²) souple ou rigide, sous laquelle une gouttière est fixée par des tiges filetées. Une bonde de relevé est adaptée à une extrêmité de cette dernière. Le bac de récolte est rempli d'un mélange d'eau, de surfactant et de sel.
De nombreux insectes frappant la vitre tombent dans le liquide et se noient rapidement sous l'effet de l'agent mouillant. Le relevé doit être assuré au plus de façon hebdomadaire pour limiter la putréfaction des spécimens (en particulier en sous-bois en raison de la quantité de Coprophages interceptés et en saison des pluies en raison de la dilution du sel).
Installation des vitres dans un chablis (RNN des Nouragues)
Le relevé consiste, après avoir ôté les grandes feuilles de la gouttière, à ouvrir la bonde en ayant placé une passoire à fines mailles au-dessous, et à incliner la gouttière. La "purée" obtenue est conditionnée dans un seau et sera par la suite triée laborieusement.
Séquence de relevé
L'avantage majeur de ce type de piège est son rendement très élevé: des dizaines de milliers de spécimens peuvent être obtenus ainsi chaque semaine dans de nombreux ordres (les Lépidoptères sont hélas inexploitables la plupart du temps). Ils sont même sans égal pour certains groupes et notamment les Coléoptères.
D'autre part, ils permettent de réaliser des échantillonnages standardisés et reproductibles, le collecteur obtient un reflet de la densité des espèces volant dans un milieu (à la hauteur des pièges).
L'utilisation systématique de ces pièges dans les études que réalise la SEAG, et souvent pendant des cycles annuels complets, permet de réaliser des comparaisons statistiques qui apporteront sans doute de nombreuses informations écologiques dans l'avenir: comparaison des différentes populations selon les groupes taxonomiques, la saisonnalité, les localités et les milieux échantillonnés.
Les limites de cette méthode résident surtout dans les contraintes logistiques: acheminement des encombrants pièges et de l'eau pour les relevés. D'autre part, même si des tests sont en cours, il est difficile de suspendre ces pièges en hauteur pour étudier les strates les plus hautes de la forêt.
Les quelques difficultés rencontrées concernent surtout la mise en place dans des milieux pauvres de support (savanes, marais) et le fait que dans les zones très humides, l'opacification des vitres par des moisissures impose de les nettoyer régulièrement.
Polytrap
Une autre version des pièges d'interception vitrés a été mise au point et est déjà largement utilisée en Europe pour des programmes de recherche et des inventaires. Ce sont des pièges vitrés multidirectionnels suspendables dont un exemple est le Polytrap (H. Brustel, Ecole d'Ingénieurs de Purpan, Toulouse). Les premiers modèles étaient constitués de plaques rigides épaisses (photo de gauche). Depuis 2010, les nouveaux modèles sont en plastique semi-rigide, très léger. Ils sont particulièrement pratiques à transporter et à installer (modèle de la photo de droite).
Ces pièges sont de dimensions plus modestes et ont un rendement beaucoup plus faible que les pièges vitres plans, même à surface équivalente.
Cependant, la possibilité de les suspendre facilement (en canopée, au milieu de chablis...) permet d'obtenir des espèces que les pièges plans ne capturent pas. Ils sont particulièrement pratiques pour des études d'écologie comparative, fournissant de façon standardisée de petits échantillons. Ils sont d'un intérêt plus limité pour des inventaires faunistiques de grande ampleur.
Autres techniques proches
Quand il n'est pas possible de transporter ou de monter un piège vitre complet, des modèles plus légers peuvent être bricolés et donner des résultats intéressants. Le modèle illustré ci-dessous a été utilisé en Equateur et a notamment permis de capturer un prionien diurne.
L'interception est assurée par un grillage plastique solide (type moustiquaire pour fenêtre), fermement tendu entre deux arbres. Au sol, une bache plastique contient de l'eau pour collecter les insectes. Léger et peu coûteux, le gros inconvénient est qu'un tel modèle ne peut pas être installé dans une zone de chablis et doit être positionné juste au dessus du sol.