Pièges lumineux

Schéma Piège lumineux Guyane SEAG

Cette technique bien connue repose sur le fait que de nombreux insectes nocturnes sont attirés par la lumière. En milieu tropical, les pièges automatiques sont peu utilisés en raison notamment de la quantité d’insectes attirés. La méthode la plus employée est la suivante avec, comme pour les pièges aériens, quasiment autant de variantes qu’il existe d’entomologistes.

Piège lumineux Nouragues

Le piège consiste à placer un système lumineux dans une zone dégagée. Le dispositif, assez complexe, est généralement constitué de trois ampoules produisant un spectre riche en UV. La plus puissante, ou lampe d’appel, est placée entre 3 et 6 mètres de hauteur sur un mât ; les deux autres placées à 1,60 mètres du sol, qui servent à rabattre les insectes vers un drap blanc de 1,80 mètres sur 2 mètres, tendu verticalement. Un autre drap blanc est étendu sur le sol, pour permettre de repérer facilement les insectes qui se posent à terre. Les ampoules sont alimentées par un groupe électrogène. La récolte des insectes s’effectue des deux côtés du drap, par terre et aux alentours du piège, certains insectes ne se posant qu’à une certaine distance de la lumière.

Le type d’ampoule et la puissance utilisée sont très variables selon les entomologistes et les protocoles :

  • Montage avec des lampes à vapeur de mercure d’environ 1000 watts (2 de 400 W en lampe d’appel et 2 de 80 W près du drap) jusqu’à des montages plus simples avec une seule lampe de 125 watts.

Piège lumineux Zambie

  • Dans le cadre d’échantillonnage de la faune d’un milieu, nous conseillons plutôt un compromis de type : lampe d’appel de 250 watts et deux ampoules basses de 125 watts. Ceci permet d’attirer d’assez loin mais sans avoir un effet répulsif pour certaines espèces qui ont tendance à éviter les sources lumineuses trop puissantes. Ce système permet également de réduire la consommation de carburant à moins de 6 litres par nuit.
  • Il convient d’utiliser des ballasts qui évitent l’échauffement des ampoules et leur explosion en cas de pluie.
  • Les néons type « lumière noire » de faible puissance sont efficaces, avec une faune attirée un peu différente ; ils sont très utilisés par les entomologistes nord-américains, notamment en Amérique centrale. Certains entomologistes combinent les deux types de sources lumineuses au niveau du drap.
  • Des pièges accessoires, utilisant des lampes de faibles puissance et/ou des spectres lumineux différents sont couramment utilisés en appoint du piège principal afin d’élargir les captures et de fixer des espèces que le piège principal a repoussées.

Avantages et inconvénients

Cette technique de récolte permet d’attirer facilement une grande quantité de matériel dans divers Ordres : Hétérocères, Coléoptères, Névroptères, Hyménoptères, Hémiptères, etc. Souvent employée en écologie, elle n’est pas exempte de défauts. Un des principaux reproches tient au fait que deux nuits de collecte consécutives au même endroit peuvent donner des résultats très différents en termes de quantité et de composition. La variation d’attractivité d’une espèce à l’autre et même pour les mêmes espèces d’un site à l’autre est un inconvénient sérieux. Yéla & Holyoak (1997) ont étudié les effets des conditions météorologiques sur les captures au piège lumineux. Plus la température est élevée et plus la couverture nuageuse est importante, plus le nombre d’insectes attrapés est important, les nuits chaudes et orageuses étant particulièrement riches. Par contre, plus la lune est pleine, moins le nombre d’insectes est important. À noter qu’en fonction des heures de lever de lune, il reste possible d’effectuer des récoltes en début de nuit, y compris pendant les phases de quasi-pleine lune.

Piège lumineux Belizon 2005

Compte tenu de ces limites, la comparaison de résultats, nuit de collecte par nuit de collecte, a peu de sens. Il vaut mieux comparer deux sites en s’appuyant sur un ensemble cumulé de plusieurs nuits de collecte (par exemple, au moins 4 nuits de collecte réparties sur 2 phases lunaires favorables).
Un autre problème lié au piège lumineux tient au fait qu’il attire parfois des insectes qui viennent de loin. Lorsqu’il est impossible de se mettre au niveau d’une formation homogène, il vient toujours des insectes des milieux adjacents. Il convient donc d’être prudent dans l’analyse des résultats pour les espèces qui volent bien (papillons de nuit notamment).

Très (trop) utilisé pour collecter des longicornes, le piège lumineux permet de collecter seulement 400 espèces sur les 2000 estimées en Guyane. Pour ce groupe, c'est probablement une des méthodes les moins productives mais elle permet de collecter des espèces qu'on n'attrape jamais autrement (Cerambycini et Torneutini).

Scratchpads developed and conceived by (alphabetical): Ed Baker, Katherine Bouton Alice Heaton Dimitris Koureas, Laurence Livermore, Dave Roberts, Simon Rycroft, Ben Scott, Vince Smith