Les 19 espèces connues de Guyane française représentent environ 20 % des Castniidae néotropicaux. Une soixantaine d’espèces sont présentes au Brésil, pays de loin le mieux pourvu ; au Pérou on dénombre 26 espèces confirmées et 34 estimées (LAMAS, 2000) ; au Venezuela, la présence de 19 Castniidae a été établie par GONZÁLEZ entre 1996 et 2004. Compte tenu de sa bien moindre superficie et malgré un taux d’endémie nul, la Guyane ne fait donc pas piètre figure comparée à ces pays géants dont les écosystèmes sont extrêmement diversifiés.
Hétérocères de mœurs diurnes ou plus rarement crépusculaires, les Castniidae sont à quelques exceptions près inféodés à la Zone Intertropicale ; ils sont cependant absents d’Afrique.
De nombreux Castniidae néotropicaux sont impliqués à l’état imaginal dans des complexes mimétiques incluant des Lépidoptères aux mœurs diurnes appartenant à d’autres familles, en particulier des Papilionidae, des Pieridae, des Nymphalidae, des Riodinidae, des Notodontidae et des Erebidae. La spécialisation des Castniidae dans le mimétisme et la grande diversité spécifique qui en découle sont uniques chez les Lépidoptères. Les espèces appartenant à ces complexes portent généralement des livrées brillantes interprétées par les prédateurs comme des couleurs aposématiques. La stratégie d’évitement qui en résulte contribue à la protection de l’ensemble des espèces du groupe. Le type de vol d’un Castniidae (sauf exception, cf. Gazera heliconioides) est différent de celui des autres espèces appartenant au même complexe mimétique : il s’agit en général d’un vol très puissant et saccadé qui ne s’observe chez les autres espèces des autres familles que dans des stratégies de fuite. Chez les Castniidae de mœurs crépusculaires, ce vol peut également être comparé à celui des chauves-souris.
En règle générale, leurs ailes postérieures sont vivement colorées. En position de repos, elles sont complètement masquées par les antérieures qui sont le plus souvent cryptiques, mais peuvent être partiellement visibles lors d’expositions au soleil (sun-basking). L’exposition brutale des ailes postérieures lors de l’envol (flash colouration) et leur disparition totale lors de la pose désorientent visuellement les oiseaux et autres prédateurs.
A cause de leurs antennes en massue, de leur brillante coloration et de leurs mœurs diurnes, les premiers auteurs présumèrent que les Castniidae étaient liés aux ancêtres directs des rhopalocères. Entre autres tentatives, cette famille longtemps mal perçue d’un point de vue phylogénétique fut associée aux rhopalocères puis, notamment par STRAND (1909), à divers hétérocères éthiopiens au classement incertain à l'époque. Ces derniers se retrouvent aujourd’hui pour la plupart dans les Agaristinae qui sont des Noctuidae diurnes. En 1986, MINET place les Castnioidea : Castniidae non loin des Sesioidea (dont les chenilles sont également des mineuses se nourrissant de bois vivant) et des Tortricoidea. En 1998, EDWARDS et al. placent les Castniidae au sein des Sesioidea.
[Texte Frédéric BENELUZ]
Liste des 19 espèces de CASTNIIDAE de Guyane française
Mise à jour, Frédéric BENELUZ, mars 2009.
Des photographies de la plupart de ces insectes (préparés et in situ) sont accessibles à tous sur le site www.guianensis.fr
Sous-famille : Castniinae
Tribu : Castniini
Eupalamides cyparissias cyparissias (Fabricius, 1776).
Eupalamides guyanensis (Houlbert, 1917).
Eupalamides preissi (Staudinger, 1899).
Corybantes mathani mathani (Oberthür, 1881).
Corybantes pylades (Stoll, 1782).
Athis palatinus palatinus (Cramer, 1777).
Athis rutila rutila (R. Felder, 1874).
Athis superba orientalis (Lathy, 1922).
Haemonides cronida cronida (Herrich-Schäffer, [1854]).
Haemonides cronis cronis (Cramer, [1775]).
Castnia invaria volitans Lamas, 1995.
Telchin atymnius atymnius (Dalman, 1824).
T. a. immaculata (Lathy, 1922).
Telchin licus (Drury, 1773).
Telchin syphax syphax (Fabricius, 1775).
Xanthocastnia evalthe evalthe (Fabricius, 1775).
Tribu : Gazerini
Castnius pelasgus pelasgus (Cramer, [1779]).
Gazera heliconioides obidona (Rothschild, 1919).
Oiticicastnia erycina (Westwood, 1881).
Paysandisia archon (Burmeister, 1879).